La cognition sensualiste incarnée chez l’humain

Rédigé le 03/05/2024
zinfos974

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-Courrier des lecteurs-

Comment les prises de conscience émergent-elles dans les groupes de paroles concernant l’étude comparative des parentalités ? Restons humble, car ce qui suit constitue une réponse possible à vérifier par expérimentation !

En groupe de paroles de découvertes comparatives des parentalités, chaque personne présente réalise qu’elle n’a pas besoin de conseil, du fait de cette intelligence cognitive incarnée qui s’auto-évalue en fonction du témoignage de chaque participant. Il nous faudrait toutefois concevoir deux sources de savoirs interférant dans notre cognition humaine : l’introvertie et l’extravertie.

Les bases organiques de la cognition introvertie se présentent dès l’embryogenèse – en incluant la période de gestation – comme un processus pulsionnel confronté aux forces gravitationnelles qui nous plaquent au sol (dont nous n’avons pas conscience et que nous signalerons en fin de courrier avec les constatations du cosmonaute Thomas PESQUET). Ainsi un organisme acquiert-il les bases organisationnelles structurées au fil des siècles par niveaux d’organisation (tel des poupées russes) de ce qui émergera et, in fine, la formation du cerveau : sa conscience incarnée des perceptions, évènements et objets de son environnement.

Sur cette conscience incarnée se greffe une cognition désincarnée faite de jugements, de préjugés, d’alibis langagiers d’où ont émergé des croyances individuelles et collectives, des dogmes et enfin des religions. L’anthropologue britannique Edward EVANS-PRITCHARD en dresse un panorama historique avec son ouvrage : « La religion des primitifs », (1965). D’animiste, elles devinrent polythéistes, avec la même origine le judaïsme. Ce passé très ancré dans nos cultures nous force à l’humilité et à l’acceptation des différences, car des guerres de religion sont toujours possibles.

Etant donnée cette incarnation, chacun se ressentant comme unique, les conseils en groupe de paroles sont réellement à proscrire, chaque parent y est amené empiriquement, par « tâtonnement énactifs », ou du fait de « l’inscription corporelle de l’esprit » (1993) dirait le regretté Francisco VARELA. Sa réalité cognitive introvertie, ressentie donc, se connecte dans le « meilleur des scénarios » par empathie avec celle du bébé, du fait de la dyade mère-enfant. Les bébés sont absents lors de tels groupes de parole, mais devraient être présents dans le cœur de ces mamans.

Cette cognition sensualiste incarnée aura été mise en évidence par Antonio DAMÁSIO dans les années 1990 avec l’ouvrage « L’Erreur de Descartes » ayant comme sous-titre « La raison des émotions ». Plus tard avec l’ouvrage d’Henri ATLAN « La fin du tout génétique » (1999), les prémices des bases scientifiques ouvrent les portes des esprits et du savoir pour annoncer « La révolution épigénétique » (2018), signé notamment par Joël de ROSNAY et coll, avec comme sous-titre : « Votre mode de vie compte plus que votre hérédité ».

Pourquoi la « révolution épigénétique » aura-t-elle autant de difficultés à s’imposer ? Elle remet fondamentalement en question nos habitudes de vie. De nombreuses polarités d’autorité sont reconsidérées : la domination des hommes sur les femmes, la structuration hiérarchique et pyramidale des institutions, quand la médecine n’est pas en reste. Qui se féminise ! Même l’armée se féminise, les Israéliens ont inauguré cette culture. Le mathématicien Michel BROUE partage ces perceptions. Verrons-nous bientôt des femmes avec le grade de « générale » ! ?

Un bastion idéologique résistera, celui de l’intégration des sensations considérées comme subjectives dans les protocoles des recherches en laboratoire qui dissèquent le vivant et le perdent en même temps.

C’est pourquoi les chercheurs demeurent actuellement dubitatifs lorsque Stefano MANCUSO et Alessandra VIOLA évoquent et révèlent « L’intelligence des plantes ».

Nous en sommes à évoquer « le génie du vivant », ce que le plus performant des IRM produit en France aura occulté du fait de son incapacité à visualiser la pulsion. Les cosmonautes tels Thomas PESQUET auront vécu les conséquences désorganisantes de leurs organismes du fait du fonctionnement « à vide » de leurs pulsions en l’absence de gravité.

Les groupes de paroles sont nos « IRM de la cognition sensualiste incarnée ».

Frédéric Paulus

Psychologue – Psychothérapeute

Président du CEVE (Centre d’Etudes du Vivant Europe)

Expert Extérieur Haut Conseil de Santé Publique