Disparition de Michel Carayol, linguiste hors pair qui a marqué l’histoire de l’université de La Réunion

Rédigé le 03/05/2024
Pierrot Dupuy

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Michel Carayol, qui a effectué une brillante carrière de linguiste au centre universitaire de La Réunion, avant qu'il ne se transforme en Université de La Réunion, et qui a laissé une empreinte indélébile au travers de nombreux ouvrages de référence, est disparu dans la nuit du 29 au 30 avril dans le Var où il était parti prendre sa retraite.

C’est en 1968, il a alors 33 ans, que Michel Carayol débarque à La Réunion. Né dans le Tarn, le 25 juillet 1935 où il fait toutes ses études secondaires, Michel Carayol s’inscrit ensuite à la Faculté des Lettres de Toulouse, alors en plein centre ville, et entame des études de Lettres.

Étudiant brillant, il décroche l’agrégation de grammaire et démarre une carrière de professeur de lycée. C’est comme professeur de lettres que Michel Carayol découvre en famille La Réunion pour intégrer le Centre Universitaire naissant, rattaché à l’Université d’Aix-Marseille. Le Centre universitaire de La Réunion compte alors trois unités d’enseignement, Droit-Économie, Sciences et Lettres, divisés en départements. Les Lettres comptent trois départements : la Linguistique, où enseigne Michel Carayol, l’Histoire et la Géographie.

En 1971, Michel Carayol est un des deux enseignants du département de linguistique du Centre universitaire. Il a pour collègue Robert Chaudenson, en même temps qu’eux démarrent leur carrière universitaire dans les départements voisins Claude Wanquet et Hubert Gerbeau en Histoire, et Wilfrid Bertile en Géographie, tous titulaires de l’agrégation.

En cette rentrée 1971, deux laboratoires de recherche commencent véritablement à fonctionner au Centre universitaire de la rue de la Victoire, à Saint-Denis. L’un des deux est celui que fondent Michel Carayol et Robert Chaudenson, consacré à la linguistique, aux langues, créole et français, et à leurs relations.

Michel Carayol se lance alors dans la préparation d’une thèse pour le doctorat d’État sous la direction du Réunionnais Joseph Verguin, professeur de Lettres à Toulouse et futur Recteur. La thèse, dont la soutenance est prévue en 1976, a pour titre « Le français parlé à La Réunion ».

Le français de La Réunion et le créole réunionnais vont constituer les deux grands domaines de recherche de Michel Carayol. De sa première recherche consacrée à « l’emploi du subjonctif dans le français parlé à La Réunion » à celles consacrées au créole réunionnais, les travaux de Michel Carayol vont nourrir de nombreuses publications qui demeurent des références. Qu’il s’agisse notamment du recueil de contes, Kriké-kraké, en collaboration avec Christian Barat et Claude Vogel (1977), des volumes de l’Encyclopédie de La Réunion (1980) ou encore des Atlas linguistiques et ethnographiques de La Réunion (1984) et de Rodrigues (1995).

Complémentairement à son métier d’enseignant-chercheur, Michel Carayol va beaucoup s’investir dans le fonctionnement et le développement de l’institution universitaire, au Centre universitaire d’abord, puis à l’Université de La Réunion. Quand l’établissement devient une université de plein exercice en 1982, Michel Carayol occupe aux côtés de Pierre Livet, premier président de l’Université de La Réunion, d’importantes fonctions. Au terme du mandat de Pierre Livet, c’est Michel Carayol qui lui succède pour cinq ans de 1987 à 1992.

À sa retraite, Michel Carayol rentre en France et c’est dans le Var, où il s’était retiré, qu’il est décédé, dans la nuit du 29 au 30 avril.