Ils fêtent leurs fiançailles en boite et finissent ensemble devant le tribunal

Rédigé le 16/06/2024
Régis Labrousse

19
Suite à une sortie en famille pour fêter leurs fiançailles, deux jeunes se sont retrouvés devant le tribunal, jugés pour des violences.

Léa B., tout juste 18 ans, et son compagnon Romain L., 21 ans, étaient de sortie en famille le soir du 8 juin dernier pour fêter leurs fiançailles dans une boite saint-gilloise. Tout se passait bien jusqu’à une altercation avec un groupe de filles de la table d’à côté. La situation ayant tendance à s’envenimer alors qu’ils sont sous l’effet de l’alcool, la sécurité de la boite intervient et, comme de coutume, décide de faire sortir les personnes les plus véhémentes. Romain L. est invité à accompagner la sécurité jusqu’à la sortie. Très énervé et se sentant lésé, il veut bien sortir, mais avec la bouteille qu’il a achetée, chose que le règlement interdit. Au final, la bouteille tombe et se casse. Chacun pensant que c’est la faute de l’autre, les videurs attrapent le jeune homme manu militari et le sortent de l’établissement. Très énervé, ce dernier continue à s’en prendre avec vigueur à un des agents qu’il considère comme responsable de sa mésaventure.

Alors que la sécurité reste aux abords de la boite pour le garder à l’œil et l’empêcher de rentrer, il s’empare d’un poteau en fer qui est disposé à l’entrée de la boite pour délimiter la file d’attente et le jette sur le portier. Fort heureusement, le portier anticipe et dévie la trajectoire du projectile avec l’avant-bras. Dans le même temps, Léa B., qui est également sortie, va dans la voiture de sa sœur et se munit d’un couteau. Elle revient devant le club en furie, selon les témoins, pour menacer et invectiver les agents de sécurité. Cette scène dure au moins 25 minutes pendant lesquelles les insultes et les menaces fusent. Au final, la gendarmerie intervient et embarque, non sans mal, les deux tourtereaux pour les placer en garde à vue. Ils sont contrôlés à 1,36 et 1,12 g/l d’alcool dans le sang 4 heures après les faits.

« On fêtait nos fiançailles, c’est la colère et l’alcool qui m’ont fait agir« 

Après tant de déboires, les voilà donc tous les deux ce lundi devant le tribunal pour répondre des faits de violences avec arme. En effet, si leurs casiers respectifs ne font état que de deux mentions, ils sont en récidive. « C’est juste la colère, mi gagne pas fé ça sinon« , explique le jeune homme à la barre. Sa jeune fiancée rebondit sur la même ligne : « On fêtait nos fiançailles, c’est la colère et l’alcool qui m’ont fait agir« . « C’est mal parti. Vous fêtez vos fiançailles le soir et vous vous retrouvez en comparution immédiate le lendemain« , répond le président avec un brin d’ironie. « Cela fait 31 ans que mon client travaille dans cet établissement, fort heureusement, il a mis sa main en opposition sinon la barre aurait touché la tête. Quant à madame, elle est hystérique, couteau en main et profère des menaces », insiste la partie civile qui demande la reconnaissance de l’état de victime de l’agent de sécurité blessé à la main.

« Ce sont des faits qui durent longtemps sur la voie publique, tout ça parce qu’ils ne sont pas contents d’avoir été mis à la porte« , poursuit le parquet. « Ils sont connus tous les deux pour des faits de violences. Ce sont des faits marquants qui auraient pu tourner au drame« , insiste la magistrate qui requiert une peine de 18 mois de prison dont 9 mois de sursis probatoire pour les deux tourtereaux ainsi que la révocation de 6 mois de sursis et le maintien en détention pour la jeune majeure. Le parquet demande également une interdiction de paraitre devant l’établissement de nuit pour les deux jeunes gens.

De son côté, la défense estime que « l’intervention s’est faite de manière assez musclée » et que son client a été « maltraité lors de sa sortie, ce qui déclenche ce contexte d’agressivité ». Et de conclure : « Il n’y a pas eu de blessé, ce n’est pas allé plus loin. Elle avait un couteau, certes, mais il n’y a pas eu de geste envers les vigiles avec l’arme« , plaide la défense qui demande des peines aménageables.

Le tribunal, après en avoir délibéré, déclare les deux jeunes majeurs coupables et suit les réquisitions du parquet, à la différence notable qu’il prononce le maintien en détention pour les deux prévenus.