Pour trois maires : « Il n’y a pas de candidats valables dans la 7e circonscription »

Rédigé le 16/06/2024
Gaetan Dumuids

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Juliana M'Doihoma, Bruno Domen et Mathieu Hoarau ont organisé une conférence de presse commune ce dimanche dans le cadre des élections législatives anticipées à venir. Les trois maires ont indiqué qu'ils ne s'engageaient pas dans cette campagne pour préférer se consacrer à leur mandat respectif. Ils ont également annoncé qu'ils ne donnaient aucune consigne de vote pour un candidat de la 7e circonscription, mais ont précisé pour qui il ne fallait absolument pas voter.

« Nous ne sommes ni candidats, ni suppléants pour ces élections. Nous avons le bonheur d’être maires et nous allons aller au bout de nos mandats respectifs que les électeurs nous ont confiés. Notre position collective repose sur une valeur : le respect des électeurs », annonce en introduction de la conférence de presse Juliana M’Doihoma.

La maire de Saint-Louis informe d’entrée que ni elle, ni Mathieu Hoarau et Bruno Domen ne vont briguer un siège au Palais Bourbon. Par cette décision, les trois édiles entendent « démasquer les pratiques d’antan qui nourrissent la défiance des citoyens », à savoir les alliances contre-nature et autres tractations d’arrière-boutique pour obtenir des postes.

Ils ont surtout trois candidats sur la 7e circonscription dans leur viseur. « Nous devons gérer les excès des maires avant nous, dont certains ont été condamnés à plusieurs reprises. Nous ne donnons pas de soutien à des candidats déjà condamnés », ajoute la maire de Saint-Louis. Les trois candidats visés sont évidemment Cyrille Hamilcaro, Thierry Robert et Jean-Luc Poudroux.

« Arret fé honte a nou ! »

« J’ai un message pour ce maire amer, toujours bloqué dans sa défaite de 2020 et qui ne fait pas honneur à notre ville avec un tel palmarès : Il faut faire sortir ces égos autocentrés et calculateurs », ajoute-t-elle.

Bruno Domen va également en profiter pour glisser un tacle à son rival Thierry Robert en même temps qu’à Cyrille Hamilcaro. « L’un se présente, mais est pratiquement inéligible. L’autre se dit insolvable en gagnant 90.000 euros par mois et il n’est même pas allé voter dimanche dernier. Ils veulent être maire et député, mais ce n’est pas un engagement pour la population et La Réunion, c’est seulement un engagement pour leur ego et leur intérêt. Choisir ces bougs là, c’est choisir l’échec pour La Réunion », tance le maire de Saint-Leu.

S’il n’a pas d’adversaire municipal engagé dans cette campagne, Mathieu Hoarau dénonce lui Jean-Luc Poudroux qui s’est encarté au Rassemblement national « pour être sûr d’avoir au moins 30 %. Ce n’est pas en se cachant derrière une étiquette qu’on trompe la population ». Le maire de L’Étang-Salé en profite pour demander à son ancienne adjointe, Isaline Tronc, candidate à ces élections, de « présenter son bilan sur ses deux années à la mairie. »

« C’est un chaos démocratique »

Mathieu Hoarau dénonce également la décision du président de la République de ne laisser que trois semaines pour ces élections. « C’est un piège dressé par Macron, comment choisir un candidat, se préparer et organiser le débat. C’est un chaos démocratique et un bordel à La Réunion. »

Un manque de temps et de préparation qui ne permet pas à ces élus de soutenir un candidat qu’ils considèrent comme viable. « Si on décide de ne soutenir personne, c’est parce qu’il n’y a pas de candidats valables dans la 7e circonscription », argue Mathieu Hoarau. Une position que Juliana M’Doihoma valide également pour la 3e circonscription dont dépend La Rivière.

Pour les trois maires, le vote des extrêmes est une réponse aux politiques menées jusqu’à présent. « Notre premier devoir, c’est de comprendre ce vote, en saisir les raisons et trouver une solution. Globalement, la majorité a voté RN par rejet et pour l’échec cuisant des appareils politiques traditionnels, qui donnent une mauvaise image de la politique. Quand les égos d’appareil ou l’ambition personnelle l’emporte, ce sont les Réunionnais qui perdent sur le long terme », ajoute la maire de Saint-Louis.

C’est pourquoi ils veulent « refonder un mouvement. Le chemin que nous voulons prendre, c’est de mettre de côté notre appartenance de clan pour développer La Réunion. Si la société est épanouie, elle est pacifiée. C’est ce que nous voulons pour demain », conclut-elle.